Voici le récit de la Grande Traversée de David
Tout d’abord c’était un rêve de
franchir la barre des 100 kms mais en montagne bien sur, cette première édition
des 100 miles tombait idéalement dans le calendrier et également au niveau
géographique. Il m’a fallu attendre le trail des
crêtes avant de me décider à franchir ce cap qui me semblait jusque- là
insurmontable. Après avoir validé
mon inscription, je me suis rapidement tourné vers Michel pour profiter de son
expérience et de ses nombreux conseils. Tout d’abord la préparation, j’ai continué
à enchainer les randonnées en montagne afin de travailler l’endurance et la
musculature puis à partir du mois d’Aout je suis passé à des sorties longues en
course à pied souvent accompagné par Michel et ses conseils.
Ma plus
grosse inquiétude était principalement la gestion de la course et
l’alimentation, la aussi j’ai écouté et mis en pratique tout ce que j’ai pu
lire et entendre. J’ai préparé
ma course physiquement bien sur mais aussi psychologiquement en tronçonnant le
parcours en 3 étapes (toujours les conseils de Michel), calquées sur les bases
de vie sans aucun objectif de temps, seulement voir la ligne d’arrivée sans
trop de casse et profiter pleinement de ce moment.
Etape 1 : Vernet les bains =>
Arles sur Tech
Le
début de course me convient parfaitement puisque nous entamons directement la
montée vers le refuge des Cortalets sur le massif du Canigou, 9kms et 1500m D+.
Je suis dans mon élément et tellement heureux enfin de partir, je gère la
montée en fin de peloton sans puiser dans les réserves. Le paysage est
magnifique et le temps très clair.
Passé le refuge nous entamons une
longue descente sur Arles en passant par plusieurs autres refuges. Je suis
assez surpris du parcours qui est bien plus technique que prévu, les sentiers
sont très étroits et rocailleux, les passages ou nous pouvons nous relâcher
sont assez rares, la concentration doit être permanente. Nous passons par des
paysages sublimes et par endroits nous pouvons même apercevoir la Méditerranée,
mais elle semble tellement loin que je repense souvent au conseil de mon ami
Nahu : un pas après l’autre jusqu’a
la mer et ça va passer. J’arrive enfin à Arles sur Tech,
Patricia m’attend à l’entrée de la ville et nous faisons 2 kilomètres ensemble
ce qui me fait beaucoup de bien. Je suis assez frais mais les jambes ont
beaucoup plus travaillé que ce que j’avais prévu du à la technicité dû
parcours. Arrivé à la
base de vie, je suis totalement pris en charge par « l’assistance
MCP », Patricia, Agnès et Pablo sont aux petits soins, le temps que je me
change et mon sac est refait sans même que je m’en rende compte.
Etape 2 : Arles sur Tech =>
Le Perthus
Je
sais maintenant que les choses sérieuses vont commencer car je vais arriver sur
un kilométrage encore jamais réalisé. Je démarre d’Arles en pleine forme
(un peu trop) car j’ai passé environ 30mn avec les filles, nous avons rigolé et
j’en oublie un des nombreux conseils de Michel, il faut gérer les moments
d’euphorie sous peine de le payer cher par la suite. Dés le départ de la base de vie nous
attaquons un kilomètre vertical je pars avec le sourire et trop rapidement, je
double 2 groupes sans trop m’en rendre compte et à peine passé le moitié de la
montée tout s’écroule et je peste de ne
pas avoir écouté, tous les coureurs passés me doublent avec quelques mots
d’encouragements. Je suis pratiquement à l’arrêt, les jambes ne veulent plus
monter. Je passe le sommet et subi toute la descente avant d’attaquer la difficile
montée vers le puits à glace. La je rentre dans un monde inconnu c'est-à-dire
au-delà des 50 kilomètres et je ne suis pas à la moitié, un ravitaillement au
sommet et je descends vers Las Illas ou je sais que je vais revoir Patricia
Agnès Pablo ainsi que Claude et Fabienne venus pour nous soutenir.
J’arrive de nuit et toute l’équipe est venue me retrouver sur le sentier descendant au village, je suis au bout et je m’en veux d’avoir brulé tant d’énergie dans cette montée.
J’arrive de nuit et toute l’équipe est venue me retrouver sur le sentier descendant au village, je suis au bout et je m’en veux d’avoir brulé tant d’énergie dans cette montée.
Je me ravitaille pendant que tout le
monde s’occupe de moi et j’en profite comme à chaque fois pour prendre des
nouvelles de Michel, je repars accompagné sur 3 kilomètres par Claude et
Fabienne et suivi en voiture par Patricia, cela me réconforte et me redonne des
forces. Je les quitte en leur donnant rendez vous à la base de vie du Perthus,
il reste 16 kilomètres et un col qui seront interminables de nuit et sur une
portion terriblement ennuyante, je suis épuisé et le moral est au plus bas.
J’arrive à
la base de vie sans forces et avec
beaucoup de douleurs mais nous sommes tous dans le même état, il faut tous les
encouragements de Claude et Fabienne et la force de Patricia pour me permettre
de repartir, il est minuit et il me
reste environ 10h de course pour rejoindre l’arrivée.
Etape 3 : Le Perthus =>
Argeles sur mer
Cette 3eme étape je l’attendais avec
impatience car j’étais impatient d’en découdre avec la course de nuit en
montagne, l’entame après le Perthus est sérieuse avec une montée longue et
sèche, je passe la première partie de nuit seul avec un sentiment de liberté
qui me fais presque oublier la fatigue. Je suis dans un élément qui ne m’est
pas inconnu, j’aime être seul en montagne.
Les choses se compliquent dans la
montée de l’Ouillat, le brouillard arrive très rapidement et il est même
difficile de voir le sol avec la frontale, le balisage est trop juste et à
chaque pas il y a un risque de s’égarer. Arrivé dans un bois je rejoins une
concurrente des 100 miles terrifiée et perdue qui me supplie presque de
l’emmener avec moi, nous avançons doucement tous les 2 avant d’être rejoint par
un Andorran. Nous arrivons sans encombres au refuge et la nous apprenons que la
course est modifiée pour des raisons de sécurité, nous ne faisons pas le sommet
et la crête mais nous devons rejoindre le col sur une piste par groupe de 3 ou
4 au minimum. Une 4eme concurrente se joint à nous et nous partons pour une
longue galère, difficile de suivre la piste tant le brouillard est épais et pas
de balisage car cet itinéraire n’était pas prévu, le vent se fait violent et la
pluie vient augmenter la difficulté. Le groupe de 4 est solidaire et nous
gérons tous ensemble les temps forts et faibles de chacun, nous arrivons au
bout de 3h30 environ sur un campement avec des signaleurs qui nous montrent la
direction à prendre pour entamer la descente annoncée terrible sur Lavall.
S’en est trop pour nos 2 collègues
féminines, frigorifiées et épuisées elles décident de rester au campement pour
prendre du repos, je repars avec le concurrent Andorran. J’erre sur ce qui me
semble être un plateau mais difficile de se faire une idée tant les conditions
sont délicates, le balisage n’est pas assez important et je peine pour trouver
le chemin, nous trouvons un concurrent arrêté et perdu qui se joint à nous et
tant bien que mal je réussis à emmener mes compagnons sur le sentier de la
descente sur Lavall.
Cette portion est terrible, 4
kilomètres de descente dans les roches par endroits équipés de corde, vu les
conditions et la fatigue (officiellement au 95eme km mais à 105 sur les GPS)
cette partie est très dangereuse et je laisse filer mais 2 compagnons car je
n’ai plus de force dans les jambes, chaque pas est un calvaire et surtout je ne
veux pas me blesser car maintenant j’en suis sur … j’irai au bout.
Je mets plus de 2h30 pour effectuer
la descente et j’arrive au dernier ravitaillement sans gros bobos, maintenant
il reste une difficulté puis ce sont les 5 derniers kilomètres vers l’arrivée.
Le jour est levé et il fait beau, je
fais un petit « check up » et finalement tout ne va pas si mal. Je
suis fatigué bien sur mais je sens qu’il me reste des forces, il faut profiter
du final alors je gère bien la dernière montée et j’arrive à doubler 2
concurrents.
J’attaque la
descente et je me rappelle que Claude et Fabienne ont promis de venir à ma
rencontre, il me tarde de les trouver. Ils me récupèrent avant Valmy et nous
finissons tous les 3, ils m’encouragent sur la dernière heure, je ne peux pas
trop parler mais je profite de leur présence.
A l’entrée d’Argelès nous retrouvons
Patricia et ensuite c’est le final sur le port, lorsque je vois enfin l’arche
tout au bout de la ligne droite avec Michel Agnès et Pablo, j’ai du mal à
dissimuler mon émotion, tout le monde est là
c’est un moment unique et je suis fier d’être arrivé.
J’ai vécu
cette épreuve non pas comme une compétition mais plutôt comme une aventure
humaine car les échanges avec certains concurrents ont été enrichissants.
Waooou! Ça donne des frissons! Merci David pour ce récit, on s'y croirait, avec la fatigue en moins!
RépondreSupprimerUn immense coup de chapeau!
Te voilà cent-bornard et avec quel dénivelé!
Je très admiratif.
JF
J imagine bien l'émotion à l'arrivée. En le lisant j'ai les larmes aux yeux
RépondreSupprimerC était trop beau . Tu recommences quand?
CATHY
C'est splendide, c'est prenant, on a l'impression de rentrer dans un film dans lequel on devient acteur. La magnificence du récit est sublimée par la justesse des mots, les gars, je vous sent bien partis pour écrire les mémoires du club. Quant-a moi, épuisé...par cette lecture, je m'affale dans mon fauteuil, et contemple les photos.Michel, David, MCP, compte désormais des Dieux des Cimes ROGER
RépondreSupprimersuper recit et super content pour toi tuest un mamouth
RépondreSupprimerGéniallllllllllllllllllllllllllllllllllllllll un point c'est tout
RépondreSupprimer"Les Dieux des cîmes", on ne pouvait trouver mieux pour vous rendre hommage...
RépondreSupprimerDavid, tu nous fait partager ce moment tel un enfant qui découvre le monde et fait ses premiers pas....c'est vraiment très émouvant. et généreux ...
Je suis émue par ces belles leçons de courage, de persévérance, mais aussi, celle qui est inscrite entre les lignes : une belle histoire d'Amour.
Bravo et merci à vous
Mijo